Yokina observa la cité et le bâtiment en clignant des yeux. Quelque chose en elle s'était figé devant ces ruines d'une pseudo civilisation qu'un groupement aujourd'hui disparu avait errigé là, comme une insulte à son besoin d'espace.
Entre ses mains, les clés, que Tuuluuwaq lui avait laissées sans même un regard en arrière. Surprise, elle demeura encore quelques instants indécise, ne sachant comment réagir dans cet environnement qui lui était si hostile.
Elle vit à peine lorsque Bonny parti en courant. Mais le départ qui la sorti de sa torpeur fut celui d'Eugène...
Eugène? Tournant la tête à droite et à gauche, elle réalisa que pour la première fois depuis des lunes, Eugène n'était pas avec elle.
Elle battit à nouveau des paupières, cette fois-ci ce fut pour chasser les larmes de stupeur et de frayeur. Secouant vivement la tête, elle déposa les clés, vida les réserves comme elle le put avec ses seuls bras pour les porter, et courru vers la sortie...
La sortie...?
Perdue, désorientée, la jeune femme tourna en rond toute une journée, tous ses sens en désordre. Tout était détraqué, tout allait de travers... Que se passait-il?
Son coeur s'emballa, sa vue se rétrécit. Que se passait-il?
Ses jambes, sans attendre son ordre, se mirent soudain à la porter au pas de course, tout droit, en direction du désert jusqu'à...
Elle leva les yeux. Ses jambes avaient cessé de bouger. La panique s'en était allée.
Les murs de la communauté en ruine aussi...Enfin...
Elle laissa glisser une petite larme de soulagement, qu'elle essuya prestement en recevant un message radio.
Etait-ce ces maudits murs qui l'avaient empêchée de les recevoir?
Tuuluuwaq. Elle eut une grimace.
Eugène. Sourire soulagé.
Elle reparti, en courant, en direction des reflets miroitants qui faisaient danser l'horizon.
Mais le pli déterminé de ses lèvres laissait entrevoir une amertume toute nouvelle.