Dans le désert...

Eh ouais... T'sais toi et ton peuple z'avez sur'ment ca dans l'sang, mais pour nous la vérité c'est qu'depuis qu'tout à peter les gens sont complétement paumés, 'croient pu en rien, z'ont tous peur les uns des aut', et en même temps 'sont pas foutus d'se demmerder seuls...
Et là j'te parle que d'ceux qu'on pas encore completement perdus les pédales où qu'attendent plus que d'crever pour quitter c'te monde de merde!
Tout l'monde il s'la joue solo, j'tais comme ca moi aussi avant d'vous croiser, v'savez... Que des gros pignoufs, des pillards crevards ou des illuminés qui s'voyais r'construire Las Vegas...
Mais ca pue l'vice tout ca...
J'vais t'dire, la ville moi j'ai d'jà donnée, j'ai pas mal vadrouillé avec mon groupe tu vois, j'ai fait tout les bars et les squatts les plus glauque d'toute la côte Est...,
Et bah si t'avais vu tout les putains d'déchets qu'j'ai pu voir, tout exclus, les ravagés du bulbe, les tueurs, les violeurs, et les toxicos qu'la société peut créer... J'peux t'dire qu'y'a rien d'étonnant à c'que tout ait fini par péter!

Bah écoute ma p'tite, moic'que j'peut t'en dire, c'est qu'quand toute c'te merde nous à gicler au visage, j’étais dans un vieux squatt pourrave au fin fond d'Brooklyn... t'sais j'y f'sais des trucs pas forcemment glorieux contre quelques doses, 'pi j'm'occupais d'trouver à grailler pour tout l'monde...

Seulement au bout d'un moment ca commencais à puer severement du cul dehors, 'pu moyen d'trouver quoi qu'ce soit à s'mettre sous les chicots! Si si j'te jure, même que tout New York c’était dev’nu comme qui dirais une putain d'ville fantôme! Tout ceux qu'étaient pas mort y s'té taillés d'jà d'puis belle lurette, et s'tu veux mon avis y z'avaient bien eu raison!
Même plus un putain d'chat sur toute la 5e avenue quoi! Même pas un rat ou un corbac, peau d'balle, rien à grailler!
Dire qu'là bas j'me souviens encore quand t'y avait un precheur ou un gourou à la con tout les 10 mètres pour te brailler ses salades sur apocalypse, le jugement dernier et tout le toutim...
A l'époque ca m'faisait gondoler toutes ces foutaises, pourtant faut croire qu'i' c'étaient pas gourré finalement les marioles!

'Pi j'crois bien qu'après que tout les illuminés s'soit fait péter l'caisson, c'étais l'tour des viocs et des mioches de clamser, d' froid la nuit, d'chaud le jour... P'is après c'étais la soif, la faim, la folie....Quand ils nous gerbeaient pas leurs poumons à force de tousser tout c't'air pourri!
Et puis en deux ans New York c'étais d'venu Soweto, d'jà qu'les stats de l'insécurité dans not' ville f'saient flipper avant, j'crois bien qu'elles crèvent l'plafond. d'puis qu'j'ai vu un keuf exploser l'crâne d'une vieille à coup d'matraque pour lui chourraver son yorkshire!
Et puis ensuite y’a encore eu les incendies… la moitié d’la ville a cramée sans qu’un seul putain d’camtar de pompier sorte de sa caserne, un vrai foutu carnage, trois jours après on respirait encore les cendres des morts à Long Island!
Et comme si c'était pas assez la merde avec les vivants, v'là qu'tout les corps des morts qui pourrissaient dans les coins ont fait rev'nir des pires salop'rie d'maladies... Des trucs pas pensables qui t'faisaient crever les gens dans leur chiasse, y'en a même qui causaient du choléra, mais t'imagine qu's'pas moi qu'irais vérifier, c'étais la loi, pour tenir, faut penser qu'a sa gueule ! Alors les malades c'est d'venu comme les gangs, on les évite, ou on les plante!

'tin tu pige bien qu'avec tout c'merdier c'était 'pu possible de rester en ville! Alors j'ai fait comme tout les autres quoi, j'me suis taillée d'là bas, et vite fait! J'ai failli crever 30 fois avant même de sortir de tout c'putain d'béton, 'pi j'ai r'joint c'te foutu desert... et j'peux t'dire que la soif et la solitude c'est du bonheur en barre à côté d'l'enfer que c'étais là bas! J'peux t'dire la demmerde ca m'connais! Tant qu'tas pas un boulet à nourrir ou un crevard pour v'nir te piller ou t'violer, tu peux survivre une vie entière ici!
Et s'tu veux mon avis, tout ces pélos partout autour d'nous, z'ont vécus la même! Y s'taillent des villes et y vont tous au millieu du trou du cul du monde pour être tranquille : ICI! Du coup on dirais bien qu'pour la tranquillité c'est râpé...

Tuuluuwaq resta silencieuse... même si elle n'avait pas compris la totalité du langage imagé d'Yrkala, le sens global de son récit avait, lui, été parfaitement assimilé.

Comment une telle barbarie avait pu avoir lieu? Comment des gens normalement constitués ont pu laisser mourir vieux et enfants? Laisser les malades de côté? Tuer pour se nourrir ou quelques effets personnels?

Yrkala avait raison: ce qui se passe ici n'est rien en comparaison...

Quoique...

Nallinaaq Amerlaqat!

Tuuluuwaq pas savoir quoi dire... jamais Tuuluuwaq penser autant souffrance exister. Quand vivre dans Nunavut, vie difficile à cause froid et manque nourriture, mais vie heureuse, entouré d'amour de tribu et de protection... chez inuit, chacun être préservé pour que tribu mieux survivre. Chacun avoir utilité et jamais penser tuer pour obtenir, mais plutôt intégrer dans tribu ou parler lanage des échanges juste.

Quand Tuuluuwaq avoir échoué en pays Krablounak, Tuuluuwaq penser être très beaucoup à plaindre... très nallinaaq! Mais quand entendre quoi ête vie yrkala avant, Tuuluuwaq réaliser finalement que vie Tuuluuwaq avoir été comme doux rêve, et que même maintenant, loin de pays natal, de tribu et banquise, Tuuluuwaq pas à plaindre!

Vraiment!

Elle se retourna alors vers tous les convives...

Tous krablounait venir de grandes cité krablounak? Tuuluuwaq avoir entendu parler de grand igloos enterrés... heu.... "bunkers"!

Kyo (d'habitude discret et pensif) s'approcha, et accepta d'expliquer la raison de sa précense chez Ittiniqsiutuq:

j'ai vécu 45 ans en Thailande, j'avais une famille , un boulot ,de l'argent, tout... puis y'a eu CETTE NUIT!!! en 5 minutes le calme de la cité s'est transformé en carnage , j'étais perdu et je me suis tout de suite réfugié à l'abri. J'ai attendu le lendemain pour rejoindre ma famille...mais il n'y avait plus que ruines et cadavres, tout le reste avait brulé!
Je suis parti de ce pays pour trouver bonheur ailleurs.
Puis ces 30 dernières années je les ait passé à vagabonder, ne cherchant qu'à survivre tout en pensant toujours à cette famille et à cette vie que je n'ai plus jamais revu!



Sur ces derniers mots, Kyo s'allongea, se laissant aller dans ses pensées et ne prononça plus rien de la soirée...

Kyo tenait beaucoup a remercier Tuuluuwaq et tribu Ittiniqsiutuq!! mais il aimerait bien en savoir un peu plus sur eux!!!
Il questionna donc Tuuluuwaq sur ce sujet ce soir-la autour du feu, suivit par d'autres : une longue conversation s'annoncait ...

*Yrkala contemplais la jeune Inuit qui lavais les panards du vioc, visiblement itnriguée, un oeil en trou de pine, et l'autre rond comme une burne...
Elle se roula ensuite une tige d'herbe sauvages, et la consumma lentement en tousotant par moment alors que la jeune fille racontais l'histoire de son clan...*
Ouuaaah! Bah nom d'une bite en mousse! Pour chercher à ramener tes miches ici dans un putain d'Kayak fallais qu'tu sois foutrement défoncée frangine!
Nan mais sérieux faut arreter l'calumet d'la paix Toumouwak! J'te jure c'est dangereux la mer quoi! T'aurais pu finir dans l'estomac d'un requin mutant ou pire, harponnée par Kevin Costner en catamaran!

Bah ca j'sais pas t'sais mieux qu'moi frangine!
Moi en tout cas mon brother si j'le r'trouve un jour c'est pour lui peter ses chicots à c't'enfant d'salop!
Mais vous ca l'fait z'avez l'air d'êt' une p'tite famille modèle! Mais z'avez pas d'marmot ou quoi qui vous attendent au bercail?

'pi j'avoue y'a un autre détail aussi qui m'chiffone...
Ca t'fais pas un peu trop chelou d'tracer ta route dans les dunes par 40° à l'ombre là? Ca t'manques pas les Mr Freeze et les bonhomme de neige?
J'veux dire... Y'a quelques lunes t'étais en doudoune à Pingouinland, et là... paf! tu t'retrouve en string à Tataouine!!
Paye ton choc thermique quoi! C'est un coup à choper la mort ca j'te l'dis!