Lune 36, an 1

Heu...
Bonny réflechit
Je veux bien les aider quelques temps... Ca pourrait me permettre de m'entrainer quelques temps à exploiter le bois... et cela me permettrait dans le futur de capturer des chevaux si notre route vient à en croiser, non? Ca serait bien, je pense, de voyager à dos de cheval

Pour les armes en échanges, ben... Je... On peut pas dire que je sois un grand guerrier et avec ou sans arme, je risque pas de blesser grand monde...et d'un côté, c'est tant mieux sauf si je dois défendre les gens que j'aime
Il rougit à ces mots

Mais, bon, de toute façon, si on reste dans la forêt quelques temps, on pourra se faire quelques réserves en plus que dans le désert, non?
Je n'y vois aucun problème...

Hihihih, Turlute, c'est comique comme nom

Bonny rougit en voyant arriver la jeune femme si peu vêtue
Il lui accorda un bonjour de la main, soudain fort intéressé par l'état du bout de ses chaussures
Bon...bonjour

Ca... va? Moi c'est Bonny
Bienvenue parmis nous

La jeune femme était retournée auprès d'Eugène, parce que c'était la seule chose qui avait un semblant de sens pour elle depuis leur sortie de la communauté.
Silencieuse, placide, elle ne laissait que rarement transparaître la mélancolie qui s'était emparée d'elle, comme un écho de celle qui l'avait, quelques lunes plus tôt, rendue pendant quelques temps si associale.

Trouvant sa place dans le campement, elle écouta les nouvelles, les craintes et les projets. Ses yeux se portèrent sur la radio d'Eugène, se tordant un peu le cou pour lire les informations et parvenir à la conclusion qu'effectivement, garder ses distances serait une prudence de bon aloi.

Elle écouta ensuite la discussion portant sur les compétences de Bonny qu'elle ignorait jusqu'alors. Imaginer ce corps frêle en train de couper du bois la laissa perplexe pendant quelques secondes, puis elle haussa les épaules : chacun sa chasse, n'est-ce pas?

Par contre, l'arrivée de la nouvelle jeune femme dans le groupe fut l'objet d'une intense curiosité et d'une foule de questions.

Elle se contenta cependant de hocher la tête en la saluant.

Bonjour à toi.

Elle s'adressa ensuite à Bonny directement, sa voix calme et rendue rauque par son silence chantant légèrement comme à son habitude.

Tu n'as rien demandé jusqu'à présent, tu nous as suivi et as survécu sans broncher. Je pense que tu as le droit de les aider si tel est ton choix, et que cela ne nous fera pas de mal de chasser en forêt.
Chasser dans l'eau, c'est très bizarre...

Elle se gratta la joue en une mimique exprimant sa gêne devant cette nouveauté, mêlée de fascination et de peur.

Des armes et des chevaux...
Qu'est-ce que c'est des chevaux?
Est-ce que c'est utile pour la chasse?
Les armes seront très utiles : c'est un bon marché.

Elle s'interrompit, songeuse. Ces paroles envoyées au vent comme autant de pensées disparates, elle n'avait plus rien à ajouter, interrompant brusquement son discours comme à son habitude pour retourner à son silence attentif.

Des chevaux?
Le visage de Bonny s'illumine
Ils en avaient deux à l'atelier, pour tirer les marchandises
Un vieux gris, Croquette qu'il s'appellait et une jument grise et blanche, Frisson

Au fait, tu connais pas les chevaux? Non, on en voit plus beaucoup, maintenant, mais je suis sur qu'on en reverra bientôt... oh oui
Tu vois...
Il s'empare d'une branche et commence à dessiner sur le sable


C'est grand comme deux hommes plus ou moins, et avance à quatre pattes, comme une vache, mais beaucoup plus rapide
C'est moi qui les conduisait à l'atelier et je m'en occupais bien, je les soignais et tout et tout puis ...

Long silence comme il contemple les flammes du feu qui crépite devant lui
Croquette est mort... Les gardes l'ont mangés après... De la viande qu'ils disaient
Et...

Silence

Rien...
Bonny donne un coup de pied dans le sable, effacant la créature dessinée et se lève pour s'éloigner un peu du groupe
Je... les sons sortent difficilement de sa bouche...je reviens...

Naïma errait depuis quelques temps dans ce désert.
C'était étrange, elle se souvenait de sa vie en Nouvelle-Zélande, de ses longues ballades à cheval dans les montagnes, de ses chasses nocturnes au kiwi, juste pour le voir. Et puis plus rien. Un grand trou noir. Ou plutôt blanc. Un vide.
Elle s'était réveillée dans le désert, brulée par le sable et le soleil.
Quelque chose l'avait poussée à aller dans une direction plutôt qu'une autre, et elle avait eu raison de suivre son instinct. Elle avait trouvé une rivière. Et pas loin, un petit groupe de personnes.

Naïma avait longtemps hésité à rejoindre ces personnes. Elle ne savait rien d'eux. Mais finalement, la peur de mourir seule la poussa à les rejoindre.
Elle attendit le soir. Ils étaient tous assis autour d'un feu. Alors elle approcha doucement, se préparant à courir au moindre signe qui dirait qu'elle n'était pas la bienvenue.
Mais il la laissèrent s'approcher. Bientôt, elle fut tout près d'eux.

Un jeune garçon lui balbutia un bonjour, tout en rougissant. Naïma lui sourit, tout en essayant de se couvrir un peu plus, avec le peu de tissus qu'il lui restait sur le dos. Il était mignon, ce gamin. Un petit air timide qui donnait envie de le protéger.
Une jeune femme lui dit bienvenue également, puis se détourna.

Naïma demanda alors timidement si elle pouvait se joindre à eux, et passer la nuit avec eux. On lui répondit qu'elle pouvait même rester plus longtemps. Alors Naïma s'assit dans le cercle, auprès du jeune Bonny.

La jeune femme nommée Yokina commença à parler de chevaux. Apparemment, elle ne savait pas vraiment ce que c'était.
Par contre, Bonny, lui, savait. Son visage s'illumina d'abord, puis il devint tout triste. Naïma savait ce que ça faisait de se souvenir d'animaux qu'on a aimé, puis perdu. Bonny s'éloigna un instant, sans doute pour dissimuler ses larmes.

Les autres parlèrent alors de leurs projets. Ils avaient l'intention de rejoindre un groupe de bucherons et de les aider quelques temps, contre du matériel ou autre.
Naïma se dit qu'elle ferait bien de rester avec eux, et qu'on verrait bien ou la vie l'emmènerait.

Ayant pris cette décision, elle se roula en boule sur le sable et cessa d'écouter. Elle se contenta de regarder les ombres des flammes danser sur les corps de ses nouveaux compagnons.
Et pour la première fois depuis des jours, elle s'endormit sereinement.

Elle lui sussurra:

Pas désolé! Arnavallaijuq être jeune homme qui troublé par belles femmes... naturel! Inuit pas savoir quoi être jalousie, parce qu'inuit pas savoir quoi être possession... alors pas problème! Arnavallaijuq pouvoir faire quoi vouloir... Tuuluuwaq bien aimer Arnavallaijuq, donc respecter liberté Arnavallaijuq!

Quand Tuuluuwaq être à Palmont City, puis Omega Nuke, krablounak nommé Elekase dire être amoureux Tuuluuwaq, mais pas vouloir Tuuluuwaq rester libre... vouloir rien que pour lui... alors Tuuluuwaq partie, parce que liberté être essentiel pour Inuit.

Inuit appartenir à personne!

Ha!

Elle se rendit compte que le discours l'avait échauffée et qu'elle avait haussé la voix, ce qui pouvait déranger ses compagnons de route...

Chhuuuut, moins fort, tu vas les réveiller

Elekase?
Un noeud lui enserre le ventre comme il entend ce nom inconnu et déjà il le déteste, puis il respire un grand coup
Nonon, Tuuluuwaq, ça n'a rien à voir avec le... il rougit... tu sais quoi, c'est que je me sens pas très bien pour le moment

Nonon, c'est rien... de mauvais souvenirs qui remontent... que j'aurai préféré oublier... Il remonte son col afin de cacher son tatouage Ne te tracasse pas pour moi, ça va aller... Je t'assure...

Naïma fut réveillée en sursaut par un cri. Elle se redressa aussitôt.
Les yeux agards, la peur au ventre, elle chercha l'origine de ce cri. C'est alors qu'elle vit la jeune Inuit accroupie près de Bonnie, le buste droit, le poing dressé, et un petit air géné sur le visage.
Naïma compris alors qu'il n'y avait pas lieu de s'inquiéter. Elle se recoucha en ramenant ses jambes le plus possible contre son corps. les nuits sont fraiches, dans le désert.

Ce petit incident avait fait comprendre à Naïma que la peur qui l'habitait depuis son réveil dans ce désert ne l'avait pas encore quittée. Et pourtant, elle savait qu'elle n'était plus seule. Entourée comme elle l'était, les dangers étaient moins grands.
Sur cette pensée réconfortante, Naïma se rendormit.